Le noir, une forme de mystère y perdure depuis la nuit des temps. Inquiétant mais surtout inconnu, ce qui s’y tapit peut prendre toutes les formes vivantes ou imaginaire. Il relie les mondes et les espaces entre eux, qu’ils soient réels ou chimériques, provenant des âges lointains ou du présent. C’est le reflet de ce qui fut et de ce qui sera probablement. Cet élément à l’infini potentiel suggestif se rapproche dans mon esprit de ce qui pourrait définir une partie du sentiment naturel. Un monde aux imperceptibles connections dont la sophistication et la richesse dépassent de loin nos propres perceptions. Le nature et le noir se lient dans le mystère et le fantasme.
Le noir traduit visuellement l’océan d’incertitude dans lequel on navigue lorsqu’on pénètre des lieux sauvages.
Dans l’expression du sentiment naturel, l’encre de Chine, noir des plus profond, me parut donc propice à évoquer ce mystère. L’encre noire sur le blanc du papier, a quelque chose de premier. C’est la trace plutôt que la touche. La trace acculturée, lâchée pour salir, salir pour évoquer, sans artifices, la puissance primitive du ruissellement. La simplicité de ce contraste rend un hommage à la pureté, celle de l’eau. Singer sa transparence et ses reflets par une salissure noire et une réserve blanche. À la manière des rivières qui coulent entre les roches, l’eau se meut sur le papier entre les aplats noirs de l’encre.
L’eau est l’avatar d’une nature aussi belle que vitale aux manifestations aussi éternelles qu’instantanées. L’inconnu y constitue une harmonie subtile, inaccessible, source intarissable de fantasmes.