Au printemps dernier je pris le train pour Guéret, cette ville au nom de friche où il semble encore possible d’y faire germer ses rêves de nature. En vagabondant un temps dans le paysage creusois, je découvris bon nombre de bois, de pâtures, de sentiers d’animaux, de vestiges moyenâgeux… Le cheminement libre que je m’accordais m’apparut rapidement plus réglé que je ne me le figurais. Mes pas convergeaient, ruisselaient toujours vers les fonds des vallons, dans le lit des rivières, le creux des torrents. Plus le ru était encaissé, plus j’avais d’émotion à y pénétrer. Dans ces gorges je trouvais une pureté, un silence habité seulement par le bruit cristallin de l’eau qui s’amuse, après avoir déformé l’espace, à battre la mesure, imposant sa partition au temps par l’intermédiaire de gouttelettes dont la mélodie résonne sur le tambour des roches.

Les oasis virginaux que j’y trouvais furent des visions précieuses, délectables, rares. Dans la timide lueur des précieux rayons qui s’aventurent parfois dans ces profonds gouffres, on distingue une végétation sauvage, tremblante d’une frénésie incontrôlable, à moitié caché dans l’obscurité ambiante. Il y règne une atmosphère de dissimulation. Les troncs pétrifiés de vieux hêtres, d’ordinaire si sages, s’y divisent en trognes menaçantes dont la base creuse offre des tanières où s’y terre une ombre épaisse. Ces ténèbres rampent par le fond de l’abîme. Un mystère semble s’y tapir. Dans ces espaces reculés, les formes s’unissent dans l’ombre, ne laissant au regard que le spectacle chancelant de rares phosphorescences et reflets qui éclairent parfois les roches, leur conférant des allures de cité engloutis habités de phénomènes inconnus.

Le ruissellement
Encre sur papier 50×80 cm

C’est au seuil des noirs espaces que mes dessins prennent leur essence. À la recherche de ces résurgences mystiques, cachés dans l’obscurité des ruisseaux enfouis. L’ombre y est la clef. Plonger dans ce noir, ressentir la profondeur de l’obscurité sans chercher à y révéler ce qui s’y cache, simplement s’en imprégner.

Le Moulinier
2022 – Encre de Chine sur papier 50×80 cm

La Gonde
2022 – Encre de Chine sur papier 50×80 cm

Le Péroux
2022 – Encre de Chine sur papier 50×80 cm

L’Alesme
2022 – Encre de Chine sur papier 50×80 cm

La Siauve
2022 – Encre de Chine sur papier 50×80 cm

Le Gourbillon
2022 – Encre de Chine sur papier 50×80 cm

La Jupille
2022 – Encre de Chine sur papier 50×80 cm

L’Ardour
2022 – Encre de Chine sur papier 50×80 cm

La Beauze
2022 – Encre de Chine sur papier 50×80 cm

Le Cherpont
2022 – Encre de Chine sur papier 50×80 cm

La Mouline
2022 – Encre de Chine sur papier 50×80 cm

La Gosne 3
2022 – Encre de Chine sur papier 50×80 cm

Le Signolet
2022 – Encre de Chine sur papier 50×80 cm

La Gosne
2022 – Encre de Chine sur papier 50×80 cm

La Chute du poirier
2022 – Encre de Chine sur papier 50×80 cm

Le Chandouille
2022 – Encre de Chine sur papier 50×80 cm

La Creuse
2023 – Encre de Chine sur papier 50×80 cm